Hair - 1979
Réalisé par Milos Forman
Avec John Savage, Treat Williams, Beverly D'Angelo...
Durée : 2h
Synopsis : Claude Bukowski, jeune fermier de l'Oklahoma, désire visiter New York avant de partir pour le Vietnam. A Central Park, il se lie d'amitié avec un groupe
de hippies. Cette rencontre va bouleverser sa vie.
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Notre avis
Dans les divers classements du site apparaît souvent le film “Hair” de Milos Forman. Pourtant, ce n'est pas par l'histoire d'amour qu'il contient qu'il est devenu célèbre, et on peut donc se
poser la question du romantisme de son propos, et de son classement dans ce site. Court rappel historique pour nos plus jeunes lovers: Au début des années 60, suite aux mouvements de contestation
contre la guerre du Vietnam, aux émeutes des noirs américains et à la remise en cause de l'ordre établi naît le mouvement Hippie. Vie sans contrainte, sexualité sans tabous, recherche de
nouvelles sensations, usages de drogues, refus de la société de consommation, vie en communauté, la société explose sous les coups de boutoirs de ces jeunes dont les idées sont hâtivement
résumées par les “bien-pensants” sous le raccourci cheveux longs – chemises à fleurs.
En 1969, des manifestations se déroulent devant le Théâtre de la Porte St Martin, avec des slogans comme “sauvez nos enfants” ou “Non aux fossoyeurs de la moralité” pour protester contre une
comédie musicale venue de Broadway, et dans laquelle apparaissent “honteusement” des jeunes dénudés sur scène. C'est Hair, l'histoire d'une bande de hippies contestataires et chevelus. Cette
pièce connaît un gros succès aux Etats-Unis et Milos Forman décide de l'adapter. Mais ce n'est qu'après le succès de “Vol au-dessus d'un nid de coucou” qu'il trouve le financement. Ce détail est
important car il explique que Hair, au cinéma, n'est sorti qu'en 1979, alors même que le mouvement Hippie s'était largement évaporé dans d'autres aspirations. Claude, jeune fermier de l'Oklahoma,
passe par New-York pour partir à la guerre du Vietnam. Il tombe par hasard sur une bande de hippies qui vivent librement et lui font découvrir les substances hallucinogènes. Il croise aussi
Sheila, jeune bourgeoise pour qui il a un coup de foudre.
Milos Forman ne pouvait adapter ce film qu'en comédie musicale et c'est sans doute ce qui fait que, presque 40 ans après, le film ne paraît pas démodé. Le montage nerveux, les costumes colorés,
l'entrain des acteurs apportent un dynamisme général. C'est un hymne à l'insouciance, à la vie, à la liberté et un implacable réquisitoire antimilitariste. Les chansons, irrévérencieuses, drôles
ou émouvantes, et pour certaines très connues, les chorégraphies très modernes, bien loin des comédies musicales classiques de l'âge d'or hollywoodien apportent une fraîcheur et un allant
réjouissant à l'ensemble. Le film se termine par le tube “Let the sunshine in”, qui clôt toujours aujourd'hui les concerts de Julien Clerc. Celui-ci peut le chanter à dessein, lui qui
tenait le rôle principal de Claude Bukowski à la création de la pièce en France en 1969. On peut se demander pourquoi les acteurs n'ont pas percé plus dans le cinéma américain. Pourtant, Treat
Williams, le “chef” des hippies est formidable dans son rôle et comme danseur. Mais on donnera une mention particulières aux deux chanteuses noires, celle du début du film, magnifiquement filmée
et la mère de l'enfant, bouleversante.
Alors venons-en à la question du début: Est-on en présence d'un film romantique ou non? Bien sûr, on ne s'attardera pas sur l'histoire d'amour, disons plutôt la bluette, qui parcourt le film.
Elle ne donne pas lieu à de grandes scènes, elle est discrète mais elle a son importance car c'est la colonne vertébrale du scénario du film, et surtout elle détermine sa fin. Mais romantisme
est-il synonyme d'amour? N'y a t'il pas aussi du romantisme dans cette magnifique histoire d'amitié, où des amis désintéressés font tout ce qu'ils peuvent pour que leur copain puisse revoir une
dernière fois son amie? Où un hippie est prêt à sacrifier sa chevelure (on imagine ce que ça veut dire pour un hippie!) pour aider son pote? Et ne parlons pas de la fin, bouleversante, pour
ne pas la révéler à nos loveurs qui n'auraient pas encore vu cet ode à la paix, à la musique et à la joie de vivre.
Hair est un film intemporel, mais c'est aussi la marque d'une époque révolue, d'une génération qui croyait qu'elle pouvait changer le monde, à coups d'idées généreuses, d'amour et de paix. La
suite a prouvé, hélas, que ce n'était qu'un rêve. C'est un film plein de grâce, de poésie, mais aussi de gravité et de larmes. On ne sait pas à la fin si on doit rire, chanter ou pleurer. Et si
finalement c'était ça un film romantique ?
A conseiller aux amoureux des comédies musicales et pour le témoignage sur l'époque Hippie.
A déconseiller aux bien-pensants.
Conclusion
+ Entraînant
+ Des musiques superbes avec des chorégraphies inspirées.
- Quelques longueurs.
Difficile à déterminer pour les raisons décrites dans le texte, mais pour les incorrigibles romantiques, disons le bain entre Claude et Sheila.
Bande-annonce
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