Réalisé par Iain Morris.
Avec Sofia Carson, Corey Mylchreest, Dougray Scott...
Durée : 1h53

Synopsis : Une Américaine ambitieuse réalise son rêve en intégrant Oxford, jusqu'à ce qu'elle craque pour un séduisant Britannique dont le secret pourrait chambouler son avenir tout tracé.

Disponible sur Netflix.

Qui n’a jamais rêvé de passer une année dans la prestigieuse université d’Oxford ? Entre ses vieilles pierres, ses bibliothèques centenaires et cette atmosphère hors du temps, l’endroit semble tout droit sorti d’un roman des soeurs Brontë. C’est justement dans ce décor enchanteur que débute My Oxford Year, une romance qui nous emmène à la suite d’Anna, jeune Américaine brillante, idéaliste, et promise à une brillante carrière  aux États-Unis. Avant d’intégrer un poste prestigieux, elle s’accorde une parenthèse d’un an pour étudier la poésie anglaise à Oxford. Mais son projet initial va rapidement être chamboulé par une rencontre inattendue : Jamie, professeur de littérature aussi séduisant qu’arrogant, qui ne la laisse pas indifférente.

Le film tire indéniablement parti de son décor. Oxford est filmée avec beaucoup d’élégance, comme une carte postale grandeur nature. Les ruelles pavées, les salles de cours et les bibliothèques chargées d’histoire, les cérémonies traditionnelles et les soirées dans les pubs confèrent à l’histoire une atmosphère romantique et mélancolique à la fois avec le charme anglais légendaire. L'université devient presque un personnage à part entière, un cocon hors du temps qui rend crédibles les décisions impulsives et les rencontres improbables. Le cadre est à l'avantage du film et il est justement mis en valeur. 

Autour d’Anna gravitent plusieurs personnages secondaires attachants, en particulier ses camarades de promotion. Ils apportent une touche d’humour et de légèreté bienvenue. Je pense notamment au voisin d'Anna, Charlie, drôle et sarcastique qui permet de rythmer certains moments du film et incarne un personnage moins lisse que les autres. Le personnage de Cecelia, ex-compagne du frère décédé de Jamie, est également très intéressant, avec plusieurs nuances. Les questionnements qu'elle apporte dans le film comme comment vivre une histoire d'amour avec une personne malade ou comment vivre une rupture avec une personne décédé sont très pertinents et auraient mérité un meilleur développement. Malheureusement, ces figures restent en toile de fond, et l’on regrette qu’elles ne soient pas davantage développées, tant elles auraient pu enrichir l’histoire et offrir un contrepoint au duo principal.

L'histoire d'amour entre Anna et Jamie se tissent également autour de thèmes plus profonds : la peur de l’avenir, le poids des attentes familiales ou sociétales, le désir de vivre une vie pleine de sens, quitte à sortir du chemin tout tracé. Anna se retrouve à un carrefour existentiel, et ses hésitations résonnent avec celles de nombreux jeunes adultes. Ces passages, bien que parfois survolés, apportent une certaine densité au récit et une certaine épaisseur aux personnages. leur régularité dans le film permet également de le rythmer et de voir l'évolution des personnages. 

Là où le bât blesse, c’est sur la romance elle-même. Si la rencontre entre Anna et Jamie fonctionne dans un premier temps grâce à leurs échanges vifs et leurs différences de caractère, leur relation évolue à une vitesse fulgurante, au point qu’on peine à y croire.  Le film ne prend pas suffisamment le temps de construire les fondations émotionnelles de leur histoire et les spectateurs et les spectatrices n'ont même pas le temps de comprendre les étapes qui les mènent à être ensemble. Les scènes censées traduire l’intensité de leur amour manquent de subtilité, et l’on reste souvent spectateur d’un enchaînement d’événements plus que véritablement impliqué dans leur lien.

Une autre critique que l'on pourrait apporter au film est que les personnages sont un peu figés dans des stéréotypes. Anna, jeune femme brillante, idéaliste mais un peu rigide, et Jamie, le professeur ténébreux au passé trouble, semblent tout droit sortis d’un manuel de comédie romantique. Ils peinent à s’émanciper de leurs archétypes respectifs, ce qui rend parfois leurs choix et leurs dialogues prévisibles. On aurait aimé davantage de nuances, des failles plus marquées, ou simplement un peu plus de réalisme dans leurs interactions.

Enfin, le tournant du film — la révélation de la maladie de Jamie — arrive de manière abrupte, presque comme un artifice scénaristique. Le sujet, pourtant grave, est survolé : peu d’explications médicales, peu de conséquences concrètes, et surtout un flou qui empêche de mesurer l’impact réel de cette épreuve. Cette intrigue secondaire, qui aurait pu donner une profondeur tragique au récit, reste trop vague pour émouvoir pleinement. On sent que le film hésite entre la légèreté de la romcom et le drame intimiste, sans réussir à fusionner les deux tons de manière fluide.

En somme, My Oxford Year est un film agréable, porté par une réalisation soignée et un cadre enchanteur. Il se regarde comme on feuillette un joli carnet de voyage romantique, avec quelques moments de grâce et une atmosphère nostalgique séduisante. Mais derrière cette belle vitrine, l’histoire peine à vraiment convaincre, la faute à une romance trop rapide, des personnages peu approfondis et des zones d’ombre laissées en suspens.

Cela reste néanmoins un divertissement charmant, idéal pour une soirée cocooning, et qui mérite une note honorable. Disons un 7 sur 10, pour Oxford, pour la poésie, et pour ce qu’il aurait pu être si le scénario avait osé aller un peu plus loin.

A conseiller : à celles et ceux qui rêvent de vivre une histoire d'amour anglaise.

Conclusion